Exposition du 4 mars au 17 avril 2021
"Tout au long de mes recherches, j’inscris mon travail gravé dans une dimension "sérielle"; j’aime entrer dans l’exploration de mes plaques au gré du geste et de la matière en cherchant à dégager peu à peu une poétique, un univers. Par le jeu du geste spontané, je me rends disponible en quelque sorte à ce qui va advenir et j’oriente mes variations selon ce que m’évoque la trace gravée.
Tout au long de cette série, entre gravure et monotype, la variation fait son oeuvre et m’emmène vers des improvisations, des rythmes, où la recherche des éclairages, l’intensité de la couleur et les dialogues matières/couleurs/ lumière restent prédominants.
Dans les gravures qui sont ici présentées, je suis partie de petits monotypes imprimés sur le support léger et fragile de billets de tombola. Je les ai réalisés en dialogue avec le dernier texte de Catherine Pomper, graveure et poétesse. Son poème est une sorte de jubilation contemplative devant la beauté du monde et son mystère. Il s’y dégage un certaine grâce ainsi qu’un sentiment de gratitude à l’égard de la nature que j’ai essayé de traduire ici par l’énergie du geste, et l’intensité des lumières.
Les titres de mes gravures sont extraits de son poème.
Pendant le long temps de confinement que nous avons vécu en famille dans la maison maternelle située dans le centre de la France et dans laquelle j’ai passé les premières années de mon enfance, mon petit bout d’atelier de fortune planté devant le jardin tant aimé de ma grand-mère, j’avais les yeux rivés sur la nature en éveil: les verts légers et parsemés du début de printemps allaient se transformer peu à peu en une nature abondante, tous mes sens étaient en éveil devant ce feuillage renaissant. Je me suis laissée porter par les lumières de printemps et la promesse d’accomplissement d’un jardin en pleine gestation.
Ces premiers monotypes miniatures faits de presque rien (encres de couleur, spatule, nombreux passages successifs de petits rouleaux mousse - encrés à fleurs) m’ont poussée à aller plus loin. Je les ai ensuite réinterprétés et ai repris leur format à l’italienne afin de rester fidèle à ces premières recherches de compositions.
En gravant mes cuivres, j’ai tenté de garder le même élan spontané du geste en choisissant de travailler essentiellement les aplats de couleurs en aquatinte avec des outils que je n’avais encore jamais utilisés auparavant (spatules de plâtrier plus ou moins larges). L’enrichissement par la couleur s’est fait dans un second temps.
L’étape d’impression en couleur de mes plaques en utilisant une large gamme de papiers chinois, japonais et thaïlandais, si légers et si résistants à la fois, a provoqué un vrai dialogue et a permis de pousser le jeu plus avant. L’aspect de ces papiers tantôt fibreux, tantôt nuageux – d’une extrême finesse, jusqu’à disparaître une fois marouflés- fait apparaître à mesure de leurs superpositions les subtilités infinies de la lumière.
Les nuances de blanc de ces papiers aussi variés que riches portent en eux un effet révélateur sur la couleur, la réchauffent ou bien au contraire la refroidissent, jusqu’à donner au papier la texture d’un tissu.
Les contrastes et les lumières qui s’en dégagent, sont autant de fenêtres ouvertes, tels des dialogues intérieur / extérieur, à la manière des lumières fugitives et éclatantes de printemps qui viennent inonder nos fenêtres intérieures."
Marie-Clémentine Marès
Née à Bourges, vit et travaille à Paris
Atelier 25, quai de l’Oise / Paris 19ème
1998 / Diplôme d’architecture intérieure - Ecole Boulle
1998-1999 / Beaux-Arts de Rennes - section gravure
1999-2000 / Voyage en Argentine
2001-2021 / Pratique de la gravure dans divers ateliers et résidences d’artiste
Ecu de France (Viroflay); résidence d’artiste Abbaye de La Prée (36); Maison d’édition les mille univers (18); Centre de rencontre artistique et culturel Abbaye de Noirlac (18); Atelier pour la typographie et l’estampe (93); Atelier d’artiste Paris 19ème