Le musée de la poterie et de la faïence de Meybod, inauguré il y a quelques années dans un ancien réservoir d’eau de la ville, esquisse pour le visiteur étranger une expression chronologique de la poterie meybodienne. Depuis quelques millénaires, les simples tours de poterie tournent et retournent dans les minuscules ateliers de Meybod. Les maîtres potiers, très fiers de leur activité, formaient autrefois une hiérarchie distinguée dans la société de Meybod. Leur travail répondait aux nombreux besoins des habitants : à côté des objets et des récipients de la vie quotidienne, leurs produits étaient utilisés dans la construction immobilière et dans les systèmes d’irrigation.
L’argile de qualité deMeybod, la silice de ses montagnes et les colorants naturels de la région présentaient des matières premières idéales pour le travail potier. Le langage local utilise deux termes essentiels pour désigner les produits : kevâreh pour les poteries à base d’argile et nâni (Nâïni) pour les faïences faites de silice (terre blanche).
Les motifs tels que la dame-soleil (khorshid kxhânom), le poisson et l’oiseau sont omniprésents dans l’esthétique de la poterie meybodienne. Le soleil, symbole du désert, est un être sublime depuis l’ère mithraïste, et la dame-soleil en est une version très connue surtout dans l’art qâdjâr ; figure qui se réfère à la femme idéale de l’époque qâdjâre. Le poisson représente un rêve désertique : l’eau, enjeu stratégique de la géopolitique actuelle et de l’historique iranienne. Le potier du désert, par son art, envisage peut-être de réaliser ses rêves, ses désirs dans la terre des mirages. En effet, à Meybod, les potiers déchiffrent les mystères du désert, le pays des étranges ; l’unique espace où les hommes et les djinns, les anges et les démons obéissent au même dieu, le Seigneur du Sahara.